Par Jean-Louis Schaff,
Et si le facteur humain avait été négligé dans la conduite des projets d'Environnement Numérique de Travail (ENT), comme souvent dans les projets technologiques....
• sauf erreur, aucun des 4 ENT (au sens de l'ensemble des briques logicielles dont l'assemblage a été financé par le Ministère français de l'éducation dans le cadre du projet du même nom) qui tentent de se mettre en place dans les universités françaises n'a fait l'objet d'une étude de besoin associant les utilisateurs finaux ;
• aucun d'entre-eux ne prend donc en compte les éventuelles différences de pratique des technologies que les jeunes adultes peuvent avoir d'avec celles de leurs aînés. Ce sont ces derniers qui ont décidé du contour de ces environnements ;
• aucun projet d'implémentation de l'un de ces quatre ENT (sauf à Lyon 1 et Lyon 2) n'associe les étudiants à son déploiement, alors que c'est le cas dans certains projets d'ENT du second degré... ;
• rares sont les universités à avoir réalisé un travail préparatoire complet de leur projet ENT (ENT est employé ici au sens de mise en place dans un établissement particulier d'une des 4 solutions d'ENT supportées par le Ministère français de l'éducation ou d'une autre solution). Ce travail préalable aurait permis de mettre par écrit : ce que l'établissement attend de son ENT (sa contribution au développement de l'établissement, à l'atteinte des objectifs du projet d'établissement), le périmètre de l'ENT, budget, la délimitation claire des rôles entre maîtrise d'ouvrage d'une part, maîtrise d'oeuvre d'autre part, la mise en place d'une organisation opérationnelle du projet. Un projet est d'abord un objet social. Il nait de la confrontation des attentes exprimées par des acteurs aux postures très différentes.
• cette mise en projet est l'occasion de prendre en compte les différentes dimensions du projet et notamment l'importance d'un accompagnement au changement des personnels techniques, administratifs et descenseignants. Cette absence d'anticipation peut être suivie d'une absence d'usages ;
• que sait-on des premiers usages justement ? Qui les observe ? En rend compte auprès des équipes pour qu'elles adaptent le projet pour tenir compte du comportement des premiers acteurs.
Le bon sens, la littérature abondante sur le sujet des projets technologiques nous invitent à ne pas sous estimer l'importance des facteurs humains dans la réussite d'un projet. Il est encore temps :
- d'accompagner la mise en place d'une équipe projet dans chaque établissement, coordonnée par un responsable de projet compétent et disponible, doté des moyens nécessaires à son action et devant rendre des comptes devant un maître d'ouvrage jouant pleinement son rôle de fourniture de moyen, d'arbitrage et de contrôle.
- d'engager une réflexion sur les pratiques des adolescents et des jeunes adultes et d'adapter certains outils à leurs pratiques réelles ;
- d'informer les acteurs, d'anticiper les changements et de les accompagner. Notamment les changements que vont devoir vivre certains personnels enseignant, administratif et techniques.
- de remettre des hommes au coeur des dispositifs au risque de ne créer que des Environnements Nus et Tristes...
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